
J’écris pour ne pas être seul
Parler au monde et à personne
Des amours fanées de printemps
Pour rendre sourd le silence des scrolling
Ne pas fondre en sanglots dans le Vide
Son visage maintenant flouté derrière les paupières
J’écris pour ne pas lui dire que je ne la sens plus
Que j’ai tout brûlé sans savoir « pourquoi » ni ce que je faisais
Maintenant l’histoire était écrite en à peine une quatrième de couverture
Et tristement passée dans les conversations archivées.
Taire tous ces mots
Quand il ne restait plus
Que des pages vierges à remplir
J’écris parce que je ne pourrai pas
Lui parler encore 30 ans
Comme on se l’était dit
J’écris pour moins sentir son absence
Ne pas relire le passé
Ne pas ressentir -pour la première fois- ce vide tourbillon au coeur.
J’écris pour saigner autrement
Me regarder en face-à-face au Miroir et dire:
« Voilà ce que tu as fait. »
J’écris pour occuper le temps-salle d’attente de la vie.
{Etions-nous seulement obligés
De «faire » quelque chose de notre vie
Quand ne serait-ce que la vivre
Semblait parfois assez compliqué?}
J’écris pour ne pas voir le gris de mon esprit
J’écris car c’est noir sur blanc
(Le gris de mon paysage béton et ciel mêlés est bien assez)
Ainsi que certaines nuances drôles du quotidien
Pour que je concède cette partie-là de mon âme.
Toujours est-il
L’aube naissait sur le gris
De la ville et du ciel confondus
C’était toujours
Comme le premier et dernier
Pile ou face à faire
A savoir si on voulait
Vraiment vivre cette journée ou non
À se demander quel en serait le carburant
(A savoir: soi même, par soi-même, pour soi-même
Un retour à la liberté prison
Sorte d’asservissement non-conventionnel)
A chercher ce qui
Éclairait le mieux
Entre les lampes blanches de l’hôpital
Et les rayons gris du soleil filtré
J’écris pour ne plus devoir dire à un psy:
« Voyez le personnage de Camus, l’Etranger?
Je vis pour vivre ma vie
Sans le goût d’exister
Ni l’envie
Et surtout seul.
Mon existence ne se justifie
En rien. »
J’écris pour oublier sa réponse
« Mais comme disait Edith Piaf, qu’est-ce qu’une vie sans amour? ».
J’écris pour ne pas penser
A sa distance glaciale et à ma cruauté d’acier en fusion
Des derniers échanges.
J’écris pour ne pas hésiter
(On ne peut douter qu’une fois
Tandis que l’hésitation trépigne à faire tourner en rond)
Et que les zones grises s’évacuent.
Là c’est noir sur blanc et je ne détruis rien
En écrivant je me rappelle les rangées de livres
A la bibliothèque universitaire
De nos premiers mots échangés de vives voix
J’écris pour saisir le temps de la salle d’attente
Tuer l’Ennui, la vie-routine et l’Absence.
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