
Ecrire c’était vivre les trois temps en un seul
Passé-présent-futur
Une fois le point de la phrase au bout du compte
On ne revenait plus sur les mots en arrière
Si ce n’est pour ratures ou de l’effacement
Mais le point est posé, coup de feu d’une machine à écrire.
Chaque mot tracé libère du temps arrière
Alors je traçais une ligne de fond de sablier
Et sniffais ça à même la plume
Goûtant la cocaïne des dieux
Fixant le mot actuel instantané prémonitoire
Une bougie de présent déjà éteinte
Se jetant mèche la première vers l’encre à venir
Les lettres suivantes les accords les ponctuations.
Comme on souffle un grand coup avant de rentrer dans une pièce
Pour se donner du courage
Comme on souffle l’évacuation de la frayeur ou douleur toute fraîche
Comme on soupire de contentement après l’amour bien partagé.
C’était plus facile que de respirer et peut-être
Que je retrouverais une fleur ou une autre
Dans un de ces seuls instants qui se noient
Dans le gris des trois temps .
Voilà pourquoi, ma tendre, il ne peut parfois y avoir
De zones grises à mes yeux pour écrire des histoires
Mes lunettes débordent déjà des reflets du décor de théâtre
En trois soupçons gris de l’existence:
Béton ciel et sentiments.
Chaque mot à la page avait été vécu et vaincu
Etait certitude de la réalité
Ou des fictions ou transgenre des deux
Ces histoires qu’on s’inventait parfois
Juste pour l’espoir d’autres jours
Comme quand tout ce qu’on s’était dit
Qu’on ferait vivrait verrait
S’écrit finalement plus rapide qu’un « jamais ».
Enfermé dans ma tour d’ivoire j’éteins mes fantasmes
Sans plus personne à craindre puisque je ne ressens rien
J’écris pour ne plus jeter au silence solitaire
« Putain! Qu’elle me manque! »
Rêves et cauchemars je les vis éveillé
Le ratio n’est pas en ma faveur
De mon simple point de vue
Ou c’est une poudre aux yeux
Un effet d’optique
A écrire je suis ma seule et unique cible.
Ne pas se reconnaître dans le miroir ou sur les photos de contrôle
Se trouver sur la page blanche
J’en oublie d’être avec moi-même
En hurlant dans ma tête de sortir de là que tout s’arrête
Embrasant mes paupières et remarquant:
« Je ne ressens rien. Je ressens tout.
Je suis triste seul et j’ai peur.
Dans le carcan de ma propre prison ouverte. »
Et je ne sais même plus si je veux appuyer sur stop
Je sais juste
Que je ne sais pas
Que je n’ai plus d’attentes d’espoirs d’impatiences.
-Peut-être un énième pile ou face comme cet autre suicide raté.-
Dernières pages du carnet à spirales de Montréal 2017
Eparses au coin du Temps il y a plusieurs vies
Ouvrir un bloc de correspondance simpliste
Commencer à remplir le vide puis toujours atteindre la ligne suivante:
« Et s’il y avait la ligne de trop? »
Le verso restera vierge, au cas où.
Les morts n’ont pas de notifications
Je suis un Ecran laissé sur une table.
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